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La boulangerie de la rue des dimanches, une lecture nuage

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La boulangerie de la rue des dimanches c’est comme un croissant au beurre bien doré, il nous fait saliver juste à le regarder et à lire la première page. Ensuite, on croque dedans et on plonge dans un véritable délice. Une fois terminé, il nous laisse rêveur comme lorsqu’on vient de finir un macaron: c’est une lecture nuage.

Lorsque Louis Talboni et Adèle Pelviaire se rencontre, c’est le coup de foudre. Celui qui dure toute une vie, celui qui va leur faire tout oublier…. même d’apprendre un métier. Ils vont donc vivre d’amour, d’eau fraîche et de musique. Leur vie c’est la musique, celle de Vivaldi et ses Quatre saisons. Leur pauvreté n’empêchera pas leur fils Jack d’avoir une enfance heureuse, «tous les jours, avec Papa et Maman, c’était dimanche, tant il est vrai qu’Amour et Musique savent reboucher bien des trous et panser bien des plaies». L’amour donc, un amour fort et intense, même dans la mort: Adèle et Louis meurent en même temps, ensemble. Jack se retrouve donc à l’Orphelinat où il va apprendre le métier de boulanger. Sa spécialité? les baguettes pas trop cuites et les éclairs au chocolat. C’est tout. Et c’est bien assez. En rachetant pour une bouchée de pain (oui, facile, mais je devais absolument la placer) une boulangerie, c’est tout une rue, tout un quartier qui vont s’en trouver transformés.

Dès la couverture, on devine une lecture spéciale. Son esthétisme via les couleurs et l’illustration donnent le ton: l’ambiance sera douce, le temps n’existera pas. Place à l’intemporalité. Le petit médaillon à l’intérieur duquel on peut voir une rue animée, des sourires, la boulangerie Talboni, etc, est comme une photo. Un arrêt sur image. Le lecteur pose son oeil sur la caméra et voit un instant figé. Cela fait aussi penser à ces vieux films en noir et blanc, quand le film se termine sur un médaillon centré sur l’écran noir et qui donne à voir le mot, ou plutôt l’image de la fin. À cela s’ajoute la typographie utilisée pour le mot « Fin », elle aussi fait penser à ces vieux flms.

Cette empreinte intemporelle n’est pas seulement visuelle. On la retrouve aussi tout au long du récit. Il n’y a en effet pas d’indications précises de temps. L’histoire peut très bien se passer avant, maintenant, plus tard. Et ceci, cette intemporalité, place le cadre. Un cadre dans lequel évolue un personnage atypique, différent. C’est aussi là que réside le charme de ce roman illustré: Jack étonne, Jack ne ressemble pas aux autres héros. Et son histoire, ah son histoire elle est tout simplement merveilleuse ! Merveilleuse car à la fois légère, triste, tendre, loufoque. Bref, tout un mélange, mais un mélange savamment dosé. Et la narration, ah! c’est un véritable moment de bonheur, on relit encore et encore certaines phrases tant elles charment ou font rire. Plus qu’un sens de la formule, Alexis Galmot a le sens des mots: il sait raconter une histoire.

Les illustrations de Till Charlier sont aussi des moments à savourer, à la fois douces, mélancoliques, drôles, elles sont l’expression visuelle de ce nuage qu’est La boulangerie de la rue des dimanches. Elles me font penser à Bruno Gibert, avec leur traits un eu hachurés, et le côté parfois loufoque qui s’en dégagent,

«Un samedi après-midi, dans un couloir du Conservatoire, Louis demanda à Adèle si elle voulait bien aller s’asseoir à côté de lui sur le banc, dehors. Adèle refusa une fois par décence, une fois par timidité, une fois par pudeur, une fois par erreur, et la cinquième fois, elle accepta.»

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La boulangerie de la rue des dimanches, Alexis Galmot, Till Charlier, Grasset-Jeunesse, 2011, 75 p.